Qui est Josette Coras ?

Peintre, graveur, pédagogue, Josette Coras (1926-2008) était une figure du paysage artistique franc-comtois. Artiste inclassable et prolifique, elle a (comme d'autres avant elle) insufflé vie et rayonnement à l'Abbaye de Baume-les-Messieurs pendant un demi-siècle.
Josette Coras. Cl. C. Kindt, 2007.

Montain, Paris puis le Maroc

Son parcours commence à Montain, où elle naît en 1926, dans une famille « où la peinture était quelque chose de normal et de tout à fait acceptée ». Encouragée par sa mère, elle décide de monter à Paris dès 1942 suivre les cours de gravure de Léon Lang. Immergée dans le foisonnement du Paris de l'après-guerre, elle côtoie les artistes de Montparnasse et poursuit son apprentissage à l'atelier de la Grand Chaumière puis à partir de 1954 à l'École Estienne où elle est formée à la rigueur de la gravure. À partir de 1949, elle séjourne aussi au Maroc. Emerveillée par cette Afrique du Nord, elle dessine beaucoup et obtient les années suivantes des résidences à Fès, Safi et Rabat où elle rencontre le peintre comtois Robert Fernier qui l'invite à participer aux Annonciades de Pontarlier.


Retour dans le Jura

Dès le début des années 50, elle choisit de revenir s'installer dans le Jura et achète sa maison dans l'abbaye de Baume-les-Messieurs. « Je l'ai trouvée par hasard, mais la beauté du lieu a eu beaucoup d'importance, son étrangeté aussi, on ne fait pas de l'art sans être intriguée ».
Elle réalise au cours de cette période de nombreux tableaux en papiers découpés puis déchirés et organise dès 1952 les premières expositions chez elle de peinture et de céramique avec Anceau, Charigny, Bichet, Gaubert, Moninot mais aussi Bardone et Mayet.
Inlassablement, Josette Coras dessine, réalise des aquarelles et grave sur des plaques de cuivre la vallée de Baume, ses roches, ses eaux, ses villages vignerons mais aussi ses arbres qu'elle aime tant. Dès le début des années 1980, elle sculpte aussi le papier et ses gravures et commence à créer des personnages grandeur nature en polystyrène extrudé que l'on retrouve dans les musées de Lons-le-Saunier (avec la pirogue de Chalain), de Montbéliard ou au Musée de l'Homme de Paris.


Un engagement

Femme sensible, exigeante, d'une grande jeunesse d'esprit, Josette garde aussi le souci de transmettre et partager. Pendant une vingtaine d'année, elle anime des ateliers d'arts plastiques de la Maison des Jeunes et de la Culture de Lons-le-Saunier et accueille à Baume des activités multiples comme des stages de gravure, des soirées poésie ou de chansons. Ses réflexions et ses engagements d'artiste la conduisent également à participer aux activités de la paroisse Saint Martin des Vignes et s'impliquer dans les associations Aide à Toutes Détresses (ATD), Amnesty International et apporter par son art une aide aux détenus de la prison de Lons-le-Saunier. Jusqu'à son départ de l'Abbaye, cet automne, sa porte est toujours restée ouverte.

Peu après la fermeture de son exposition en septembre, elle a rangé son atelier car elle avait choisi de céder une partie de son logis au Conseil Général du Jura. Elle a appris le mal dont elle souffrait quelques jours plus tard et a affronté la maladie avec une philosophie et un courage peu communs sans rien perdre de son esprit vif et brillant. Elle s'est éteinte hier matin à l'hôpital de Saint-Claude. « J'ai tenté de faire ce que j'ai envie de faire, confiait Josette, je crois que c'est important de se réaliser. Avoir, posséder, n'a aucun intérêt. Se réaliser, c'est aller au bout de soi-même ».

L'été 2007, Josette Coras a encore ouvert au public la porte du logis abbatial de l'abbaye de Baume-les-Messieurs. Comme chaque année ou presque, elle a accueilli des artistes, des anciens élèves et un public fidèle avec lesquels elle venait de partager un demi-siècle d'échanges et d'amitiés liées à la création. L'exposition-rétrospective et l'ouvrage publié à cette occasion ont aussi dévoilé le parcours étonnant de cette artiste modeste et montré comment elle avait développé au fil des années un véritable foyer artistique, vivant et accueillant, dans l'abbaye.

Samuel Cordier

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